• Quand l'art rencontre la musique : les pochettes de disques

    De tout temps, le monde de la musique est toujours parvenu à phagocyter les différentes sphères de l'art, les différents médiums au service d'un seul et même projet. A la fois essentielle et ornementale, la pochette d'un album est le point central de cette convergence de talents. Les photographes, les peintres, les plasticiens voire les musiciens eux-mêmes s'y sont mis pour tenter d'exprimer au mieux l'esthétique d'un album. Alors que l’appel à création pour réaliser la pochette de la compilation SFR Jeunes Talents Music vient de se terminer, réalisons un petit tour d'horizon de ces "covers" qui ont marqué l'histoire du disque ou défrayé la chronique.

    • The Velvet Underground – The Velvet Underground And Nico / Andy Warhol (1967)

    Pochette culte pour groupe culte. A la fin des années 60, le groupe The Velvet Underground se forme autour du prolifique et magmatique Lou Reed et, rapidement, le groupe se forge une grande réputation dans l'underground new yorkais. Tout naturellement, ils s'attirent la protection de l'omnipotent Andy Warhol. Féconde, leur collaboration fait mouche au point que Velvet performe dans divers shows pluridisciplinaires aux tendances masochistes très en vogue à l'époque. De cette période de grande émulation artistique, en ressort une pochette devenue mythique pour un album non moins mythique aux yeux toute une génération. C'est le fameux "album à la banane", le premier album du Velvet Underground, avec la mannequin allemande Nico.

    L'anecdote : La légende prétend que la banane en question sur l'œuvre originale tenait grâce à un mélange de colle et de LSD.

     

    • The Beatles – Sgt. Peppers Lonely Heart Club Band / Peter Blake (1967)

    De l'avis de tous, la pochette de cet album des Beatles demeure l'une des pièces majeures de l'histoire du disque. Façonné par Peter Blake, l'un des pères fondateurs du pop art, sur proposition de John, Paul et George (Ringo n'a rien voulu proposer), elle condense toutes les figures qui ont influencé et fasciné les 4 de Liverpool. Et ce ne fut pas chose simple puisque ce véritable portrait de famille réalisé en silhouettes grandeur nature en carton imprimé a demandé à l'artiste un travail considérable.

    L'anecdote : Jésus-Christ et Gandhi figuraient initialement dans les rangs de ce casting de rêve.

     

    • The Doors – Strange Days / Joel Brodsky (1967)

    Tout débute avec le refus de Jim Morrisson de figurer sur la pochette de cet album étant pour beaucoup le meilleur des Doors. Puisant alors son inspiration dans le film La Stra

    da, chef-d'œuvre de l'Italien Fellini qui met en scène des forains, le photographe est parti dans l'idée de reproduire cette atmosphère de cirque dans les rues de New York.

    L'anecdote : La saison estivale des cirques étant terminée, l'équipe a eu toutes les peines du monde à débaucher des forains. Ainsi, le trompettiste est en vérité un chauffeur de taxi.

    • Big Brother and the Holding Company – Cheap Thrills / Robert Crumb (1968)

    Fin des années 60 aux Etats-Unis. Alors que la vague hippie et de libération sexuelle bat son plein, avec le rassemblement de Woodstock en point d'orgue, la figure de Janis Joplin, alors dans le Big Brother and the Holding Company, s'élève comme un étendard pour des millions d'individus. Arrivé à San Francisco, le dessinateur de comics, Robert Crumb à la réputation underground


    accomplit son rêve et rencontre Miss Joplin, avec comme résultat cette pochette qui reste à jamais gravée dans l'imagerie collective.

    L'anecdote : L'idée première des membres du groupe était de se photographier nus sur un lit. Refus catégorique de la maison de disques.

    • David Bowie – Diamond Dogs / Guy Peellaert (1974)

    L'exemple parfait de la collaboration d'un peintre qui vire à la controverse. En s'associant au peintre belge Guy Peellaert, Bowie, alors en plein dans sa période glam rock à la Ziggy Stardust, comptait sur cette collaboration pour détourner la réalité de manière frontale. Réussite totale avec ce centaure hybride entre un homme et un chien.

    L'anecdote : La pochette originale montrait des parties génitales hybrides mi-hommes, mi-chien, d'où la controverse.

    • Patti Smith – Horses / Robert Mapplethorpe (1975)

    Premier album et premier coup de génie pour Patti Smith. Considérée à juste titre comme une pionnière de la musique punk rock, la bouillonnante Patti comptait parmi ses amis un certain Robert Mapplethorpe qui allait l'immortaliser pour une pochette devenue légendaire dans le monde du rock. On y voit une Patti Smith libérée, habillée en garçonne, le tout avec le modus operandi typique de Mapplethorpe : en noir & blanc et lumière naturelle.

    L'anecdote : La maison de disques souhaitait opérer quelques changements sur la pochette. Fort heureusement, Patti Smith s'y est opposée.

    • The Clash – London Calling / Pennie Smith (1979)

    Pris par Pennie Smith, ce cliché montrant Paul Simonon en train de fracasser sa basse sur la scène du Palladium de New York a – donnée constante chez la plupart des pochettes célèbres de l'histoire du rock – bien failli ne jamais voir le jour. Jugé trop flou. Finalement, Joe Strummer a insisté et obtenu gain de cause, avec l'impact que l'on sait.

    L'anecdote : Les polices sur la pochette du disque réfèrent au premier album d'Elvis.

    • Sonic Youth – Goo / Raymond Pettibon (1990)

    Début des années 90, Sonic Youth alors au faîte de sa gloire avant l'émergence de la scène grunge de Seattle, fait appel à l'artiste américain Raymond Pettibon. Synthétisant à merveille l'identité des Sonic Youth, il a l'idée de dessiner en monochrome un cliché de paparazzi.

    L'anecdote : La femme au premier plan, Maureen Hindley, se rend au procès de sa soeur, coupable dans les années 60 d'horribles meurtres sur mineurs avec son mari Ian Brady.

    • Dinosaur Jr – Green Mind / Joseph Szabo (1991)

    Dans la lignée de ces artistes qui illustrent un changement de la société avec des teenagers de plus en plus précoces et à l'innocence de plus en plus courte, Joseph Szabo et son cliché résument parfaitement l'esprit du groupe grunge Dinosaur Jr proche du "Nevermind the bollocks".

    L'anecdote : en 2007, le cliché s'est retrouvé au coeur d'une affaire de censure par le site d'hébergement de contenu photographique Flickr.

    • Björk – Debut / Jean-Baptiste Mondino (1993)

    Tout juste émancipée de son groupe The Sugarcubes, Björk se lance dans la conception de son premier album qu'elle veut à la fois intimiste et très travaillé. Pour la réalisation de la pochette ainsi que du clip Violently Happy, l'Islandaise s'est entourée du photographe et réalisateur Jean-Baptiste Mondino qui la perçoit comme "un mélange de maturité et d'enfantin."

    L'anecdote : pour la pochette, le photographe français voulait parvenir à exprimer une beauté "comme sa musique : tordue mais belle."

    • Marilyn Manson – The Golden Age of Grotesque / Gottfried Helnwein (1993)

    Au début des années 2000, le sulfureux Marilyn Manson, alors avec la tout aussi sulfureuse Ditta Von Teese, opère un virage esthétique orienté vers l'Allemagne des années 20 ambiance cabaret et grotesque fantasmagorique sur parfum de scandale. Il s'entoure de l'Autrichien Gottfried Helnwein réputé pour son art perturbant tout en performances décalées.

    L'anecdote : Marilyn Manson et Gottfried Helnwein font ensemble partie du mouvement artistique The Celebritarian Corporation.

    • Kanye West – Graduation / Takashi Murakami (2007)

    Réputé pour être l'Andy Warhol japonais, le designer Takashi Murakami a rencontré Kanye West lors d'un voyage de ce dernier au Japon. En résultera une pochette de l'album Graduation dans un style très nippon hype et manga-esque ainsi que la celle du clip Stronger co-produit par les Français Daft Punk.

    PHOTOS DES POCHETTES A VENIR.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :